37. derrière lui une longue file d'attente
La vague de Gustave Courbet
Un homme dit
la bouche masquée de blanc
"ils sont mes frères et mes soeurs
leur nom synonyme du mien
leur corps vaut le tien"
derrière lui une longue file d'attente
aux rêves entre parenthèses
sur le sol
assise
elle regarde le flou
de ses heures épuisées
les bras de poussières
de ses amours et de sa vie
elle ne peut parler
les mots comme des lames
elle ne peut que trembler
en pensant aux eaux assassines
à la terre meurtrière
à l'humanité qui l'abandonne
où est sa famille
où est-elle ?
instantanés d'ombres
lasses un peu
fatiguées surtout
tu regardes
entre deux plats
la faim et la mort
tu fermes les yeux
des scrupules
puis changes de chaîne
et ce jeune homme
au regard brillant
brûlant
pas de répit
ni de fin
lutter est vivre
vivre est lutter
"je n'ai pas le choix
d'avoir le choix"
maigre comme une
feuille de papier où
reste écrit le poing levé
quand ces haineux
qui grattent le vent
d'une feuille de choux
vomissent la haine
quand ces haineux
au brushing parfait
aux mots de fiel doré
vomissent la haine
quand ces haineux
nés de la boue sans ciel
se protègent de leurs miroirs
vomissent la haine
quand ces haineux
donnent des leçons
qu'ils n'appliquent pas
vomissent la haine
où es-tu ?
que fais-tu ?
que dis-tu ?
qui es-tu ?
un enfant dit
le sourire aux lèvres
"j'irai où je dois aller
où je grandirai et aimerai
qu'on le veuille ou non"
derrière lui une longue file d'attente
comme tes propres ancêtres avant eux.