11. Et cette colère qui gronde
Et cette colère qui gronde, venant du tréfonds, glauque, verdâtre, nauséeuse. Une colère sans issue, glissante, visqueuse et puante comme l'injustice. Rien jamais nulle part ne pourra l’éteindre : toujours, partout, nous continuerons de les voir basculer par dessus bord, hurlant de terreur, sans rien où s’agripper, hommes, femmes, enfants. Parce que leur seule faute était de croire en un dieu différent. Leur seule et unique faute, leur seul et unique espoir. Celui qu’ils ont retrouvé. Il faut le croire, et le dire ; ne pas avoir peur de le dire. Se dresser, et le dire.
Mais avant, mais juste avant, leurs dernières minutes, leurs horribles dernières minutes : voilà le point où je sombre avec eux dans l’eau glacée, le point où je me noie avec eux. Seigneur ma colère ne s’éteindra pas, je vous l’offre, je vous la donne, faites-en ce que vous voudrez - ou plutôt, non, laissez la moi : quelle grandisse en moi et déborde ; qu’elle submerge mes moments heureux ; qu’elle brise mes silences ; qu’elle monte à l’assaut des dunes indifférentes ; qu’elle se faufile dans les sables endormis.
Qu'elle nous aide à etre pour eux le relais, et que nos cris éclatent pour leurs voix scellées à jamais.
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lmg - 23 avril 2015